Skip to main content

Actualité

2024, une année (électorale) record pour les 15 ans du CDJ

Couverture du rapport annuel du CDJ-AADJ pour l'année 2024

Avec 183 plaintes pour 342 parties plaignantes au compteur, 2024 s’impose comme une année record pour le Conseil de déontologie journalistique, qui fêtait ainsi son 15ème anniversaire. Moins par l’effet de sa première campagne de notoriété, bien accueillie par le public, qu’en raison de la couverture des élections, principalement communales. L’arriéré du Conseil étant désormais maîtrisé, le CDJ a capitalisé sur des échanges inédits avec les rédactions, les étudiants en journalisme et ses homologues, rappelant avec force ici et là le rôle primordial de l’autorégulation journalistique dans la protection de la liberté de presse et du droit à l’information.

Si le nombre de demandes d’information enregistrées en 2024 auprès du CDJ est pratiquement similaire à 2023 (130 contre 135), le Conseil a reçu 183 plaintes, soit 50 de plus que l’année dernière… Ce niveau n’avait jamais été atteint auparavant. Une de ces nombreuses plaintes regroupait à elle seule 123 personnes, pour un total de 342 parties plaignantes enregistrées sur l’année. A l’instar de 2012 et 2018, les élections communales ont à nouveau soulevé un certain nombre de griefs, en lien avec la nouvelle version de la Recommandation du CDJ sur la couverture des campagnes électorales dans les médias (2023) et, notamment, la clause de responsabilité sociale et démocratique.

En 2024, 70% des plaintes entrantes ont fait l’objet d’un classement pour irrecevabilité, dont les conditions avaient été revues dans le nouveau Règlement de procédure du CDJ, applicable depuis le 1er janvier 2023. Si les cas d’irrecevabilité sont ainsi plus nombreux qu’en 2023 (30% contre 25% pour la forme, 40% contre 25% pour le fond), le nombre de dossiers ouverts pour instruction reste toutefois similaire : 54 contre 57 en 2023 (et 58 en 2022). 10 dossiers se sont par ailleurs clôturés à l’ouverture en médiation directe avec le média, 11 autres après que les parties se sont accordées sur une solution amiable, portant la résolution de dossiers à l’amiable à un total de 38% – une moyenne élevée au regard des autres conseils de presse européens qui pratiquent la médiation, comme le montre une étude européenne coordonnée par le CDJ cette même année. Le CDJ s’est par ailleurs autosaisi à 6 reprises, dont 2 fois sur un problème de confusion entre publicité et information (contre 6 en 2023) et 2 autres fois de manière à entrer en matière sur des plaintes « élections » que le CSA avait omis – puis refusé – de lui transmettre, bien qu’il aurait dû le faire en conformité avec le décret du 30 avril 2009. Hormis ces autosaisines, 66% des dossiers de plainte introduits au CDJ sont le fait de particuliers.

Le Conseil, nouvellement présidé par Denis Pierrard, s’est réuni à 13 reprises et a rendu 37 décisions, qui se répartissent en 57% de plaintes fondées et 43% non fondées. Au 1er janvier 2025, seuls 18 dossiers ouverts en 2024 restaient à traiter. Les griefs déontologiques pointés par les parties plaignantes dans les différents dossiers ouverts se concentrent 6 fois sur 10 sur les enjeux en lien avec le premier volet du Code de déontologie, consacré au respect de la vérité. S’y ajoutent le droit de réplique, relatif au troisième axe du Code (loyauté), et ceux d’atteinte aux droits des personnes et à la vie privée (liés au quatrième volet, le respect des personnes). A noter que le grief du droit de réplique – dont la jurisprudence s’affine d’année en année et qui se voit désormais parfois instrumentalisé à des fins de censure – est déclaré fondé une fois sur deux. La durée moyenne de traitement d’un dossier ouvert en 2024 est de 149 jours, soit 103 jours de moins qu’en 2023.

Une notoriété grandissante

Après la mise en avant du logo du CDJ sur leurs sites web, les médias membres de l’AADJ (la structure faîtière du CDJ) ont poursuivi en 2024 la campagne de notoriété de l’instance sur leurs supports. Les membres de la presse écrite ont dès lors inséré le logo assorti du message « Nous sommes membres du CDJ pour vous garantir une information digne de confiance » dans le colophon de leurs publications, tandis que les radios et télévisions ont diffusé – en amont de chaque campagne électorale – un spot audiovisuel réalisé avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, destiné à rappeler au public qu’informer est un métier de responsabilité et qu’on ne s’improvise pas journaliste.

La « marque » CDJ affichée par les membres de l’instance donne au public un signal de reconnaissance : celui de leur volonté de produire une information de qualité déontologique, dont ils assurent et assument la responsabilité devant leurs pairs. Comme pressenti, cette première campagne de notoriété n’a pas provoqué un torrent de plaintes mais davantage de questions et de demandes d’information sur le rôle et le fonctionnement du CDJ.

Une offre inédite de formations

En 2024, le CDJ a multiplié les échanges avec ses différents publics et partenaires. Premièrement, les journalistes, à travers 3 sessions organisées à Namur, Eupen et Bruxelles (en janvier 2025 pour cette dernière) dans le cadre du « EU Tour », une série de formations itinérantes pensée en partenariat avec ses homologues francophones (France et Luxembourg) et germanophones (Allemagne et Autriche), dans le cadre du projet européen « Media Councils in the Digital Age ». Le succès de ces rencontres se reflète aussi dans le volume des demandes d’information reçues de journalistes et de rédacteurs en chef, en légère augmentation par rapport à 2023 (50% contre 45%).

Pour la première fois, le Conseil a également mis en place, pour 35 étudiants en journalisme, une Master Class et un « conseil fantôme », étalés sur deux jours complets et dispensés par des membres du CDJ et de son secrétariat général. Cet événement, rendu possible grâce à l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles, s’appuyait sur l’expérience menée annuellement par le conseil de presse norvégien et avait pour objectif de sensibiliser ces journalistes en herbe à l’importance des règles qu’ils et elles s’engagent à respecter en rejoignant la profession.

Outre la réunion annuelle de l’Alliance européenne des conseils de presse indépendants (AIPCE) qui s’est tenue cette année à Londres, le CDJ a entretenu une fructueuse collaboration avec l’Observatoire de la Déontologie et de l’Ethique dans les Médias au Bénin (ODEM) à travers 5 ateliers virtuels d’échanges sur la déontologie et l’autorégulation.

Une action de première ligne réaffirmée

Enfin, le CDJ a rappelé avec force ici et là le rôle primordial de l’autorégulation journalistique dans la protection de la liberté de presse et du droit à l’information, notamment lors d’une conférence sur l’autorégulation et la régulation des médias organisée par la Fédération européenne des journalistes.

2024 a à nouveau été caractérisée par la manière dont le CSA a décidé de réinterpréter les dispositions prévues au décret fondateur du CDJ qui articulent les compétences des deux instances, instaurant ainsi le double contrôle pour les médias audiovisuels que le législateur entendait éviter. Constatant l’impossibilité de trouver un accord sur cette question cruciale, l’AADJ  n’a pas hésité à se joindre à la RTBF pour introduire une action au Conseil d’État contre la sanction rendue par le régulateur à l’encontre d’une séquence de JT qu’il avait jugée publicitaire. L’arrêt de la haute juridiction administrative, rendu le 15 avril 2025, annule la décision du régulateur et conforte l’interprétation du CDJ de l’articulation de ses compétences avec celles du CSA, un système – unique en son genre en Europe – qui protège l’indépendance journalistique.

Lire le rapport annuel 2024

AADJ & CDJ
Résidence Palace, bloc C
Rue de la Loi 155 bte 103
1040 Bruxelles

tél: 02/280.25.14

Inscrivez-vous à notre newsletter