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Réunion de février au CDJ : 1 plainte fondée (La Capitale), 2 plaintes non fondées (La Capitale & RTBF.be)

Le Conseil de déontologie journalistique a adopté trois décisions sur plainte lors de sa réunion de février. Les décisions, dont l’une est fondée, portent en tout ou en partie sur les difficultés des journalistes de rendre compte en certaines circonstances particulières (refus d’exposition, terrain inaccessible, tiers concernés mais non directement visés) des informations fournies par leurs sources. La plainte fondée concerne également la nature trompeuse et stigmatisante d’un titre et d’un photomontage de Une traitant du problème du radicalisme à partir d’un incident intervenu dans une école.

La première plainte, déclarée non fondée (23-14 ASBL Les Amis du Verseau c. C. L. / La Capitale (Sudinfo)), concernait un article de La Capitale qui évoquait le traitement différencié des parents d’élèves d’une école selon qu’ils paient ou non la cotisation volontaire à l’ASBL qui la chapeaute et en assure la gestion. Le plaignant reprochait notamment à la journaliste d’avoir diffusé des informations biaisées, inexactes et non vérifiées. Le CDJ a relevé que la journaliste avait correctement recoupé l’information – reçue d’un témoin qui avait accepté de parler sous prénom d’emprunt – à d’autres sources concernées qui ne souhaitaient pas s’exposer publiquement, qu’elle avait tenté d’obtenir le point de vue de l’école et de l’ASBL sans succès et l’avait mentionné à l’intention des lecteurs, et qu’elle avait en conséquence rapporté avec prudence et distance les propos de son principal témoin, sans les reprendre à son compte. Le CDJ a rappelé que refuser de répondre aux questions des journalistes n’entraîne pas pour ces derniers l’obligation de mettre fin à leur enquête, ni de taire les informations qu’ils recoupent sur la base d’autres sources.

La deuxième plainte, déclarée non fondée (23-34 D. Godefridi c. RTBF.be & RTBF (X (ex-Twitter))), concernait trois articles en ligne – et deux tweets y liés – de la RTBF consacrés à une frappe aérienne sur l’hôpital Al-Ahli Arabia à Gaza. Le plaignant reprochait principalement aux journalistes de se faire le relais de la propagande du Hamas en ne vérifiant pas certaines informations ou en omettant d’autres, tout en ne précisant pas leur origine, soit le Hamas lui-même. Il estimait que les productions litigieuses apparaissaient comme irresponsables voire haineuses et ne pouvaient que contribuer à exacerber les tensions. Le Conseil a noté que les informations diffusées, qui reposaient sur des dépêches d’agence, identifiaient correctement et clairement les sources citées, ce qui permettait au public d’apprécier à leur juste valeur les points de vue exprimés. Il a souligné que l’absence de recoupement tenait à la situation de guerre et à l’impossibilité pour les journalistes d’accéder au terrain. Il a estimé que le média avait par ailleurs rapidement et explicitement rectifié le titre d’un des articles mis en cause, qui s’avérait contraire aux informations données, pointant que si ce titre – qui avait été publié tel quel automatiquement sur X – avait été supprimé et remplacé sans rectification explicite sur la plateforme, cela n’avait eu, dans le flux de l’information en direct, aucune conséquence sur la manière dont le public avait pu prendre connaissance de la teneur réelle de faits. Il en a conclu que cette absence de rectification explicite n’était dans le cas d’espèce pas constitutive d’une faute déontologique.

La troisième plainte, déclarée fondée, (23-35 ABSL ITS Cardinal Mercier c. R. G. / La Capitale & sudinfo.be), visait un article de La Capitale consacré au problème du radicalisme dans les écoles. La plaignante reprochait au média d’avoir manqué de prudence dans le traitement journalistique de l’information au regard du contexte très particulier entourant la publication de l’article, en l’assimilant aux évènements terroristes de la veille, ainsi qu’en publiant des photos de sa façade en Une et en pages intérieures, sans que le journaliste ne l’ait pour autant contactée pour recouper ses informations. Le CDJ a relevé que la Une trompait non seulement le lecteur sur la teneur des faits décrits dans l’article mais qu’elle stigmatisait également la communauté scolaire concernée en associant par photomontage le terroriste et l’école, et partant, l’acte terroriste aux faits erronément rapportés. Le CDJ, qui a considéré que l’article rendait compte correctement de l’information recoupée à une source de première main, a néanmoins relevé qu’il y avait, dans le contexte d’un dossier qui tentait de comprendre quelles étaient les solutions au phénomène de la radicalisation, omission d’information quant à la manière dont l’école avait géré l’incident.

Début mars, 26 plaintes étaient en traitement au CDJ. Entre la réunion plénière de janvier et celle de février, 4 plaintes se sont soldées par une solution amiable. 7 autres plaintes n’ont pas été retenues, soit parce qu’elles ne répondaient pas aux conditions de recevabilité formelle, soit parce qu’elles n’entraient pas dans le champ d’exercice de la déontologie journalistique, soit parce que l’enjeu déontologique soulevé n’était pas rencontré. Tous les plaignants en ont été dûment informés.

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