Communiqué de presse

Février au CDJ : 2 plaintes fondées (La Dernière Heure, RTL Info), 1 plainte non fondée (La Meuse Verviers)

4 mars 2020

Le Conseil de déontologie journalistique (CDJ) a adopté trois avis sur plainte lors de sa réunion de février. Deux de ces plaintes ont été déclarées fondées (La Dernière Heure, RTL Info), la troisième non fondée (La Meuse Verviers).

Lors de sa séance plénière de février, le CDJ a déclaré fondée une plainte (X c. N. B. / La Dernière Heure) qui visait un article de La Dernière Heure qui évoquait une plainte déposée à la police par les parents d’un enfant qui aurait été giflé par son institutrice maternelle. La plaignante estimait que l’article la présentait comme coupable sans autre preuve que cette plainte ; elle contestait également la publication sans autorisation de photos Facebook qui la rendaient reconnaissable malgré un bandeau apposé sur les yeux. Dans son avis, le CDJ a constaté que l’article en cause posait la culpabilité de l’institutrice comme établie alors qu’aucune instance ne s’était encore prononcée sur les faits et que la journaliste n’apportait pas aux lecteurs les éléments permettant d’accréditer cette thèse. S’il a estimé que la journaliste avait bien tenté de contacter en vain la personne mise en cause et en avait informé le public, il a en revanche relevé que son enquête était construite à charge uniquement et ne mentionnait à aucun moment, par aucune formule que ce soit, que les accusations portées n’étaient pas établies avec certitude. Le CDJ a considéré que ce manquement était d’autant plus conséquent que le média avait permis l’identification de la personne en cause en publiant une photo d’elle insuffisamment floutée sans que celle-ci apporte une plus-value à l’information.

La deuxième plainte, déclarée partiellement fondée (19-17 Divers c. S. B., Ch. M., Th. D., Ph. R. & L. H. / RTL-TVI (RTL Info)), concernait une séquence du JT de RTL-TVI consacrée à la découverte, par une touriste belge, de cadavres de migrants rejetés par la mer sur une plage de Tunisie. Les plaignants, dont plusieurs s’étaient adressés au CSA, condamnaient le parti pris de la rédaction qui avait choisi de donner plus de poids au sort d’un vacancier plutôt qu’à des migrants qui meurent en mer, estimant que ce traitement journalistique donnait une image inhumaine et dégradante des personnes décédées. Dans son avis, le CDJ a estimé que seul le lancement de la séquence du JT de 13h contrevenait au principe de responsabilité sociale prévu au Code de déontologie journalistique. Le Conseil a en effet constaté que ce lancement ne permettait pas aux spectateurs de prendre la mesure de la gravité du sujet évoqué et de la banalisation de la situation tragique des migrants qu’elle pouvait induire. Le Conseil a rappelé que les journalistes ont une responsabilité sociale inhérente à leur devoir d’information, laquelle implique, dans le cadre de dossiers sensibles, de prendre la mesure des éventuelles répercussions de l’information ainsi diffusée dans la société. Le CDJ n’a pas retenu les différents griefs exprimés par les plaignants à l’égard de la séquence elle-même et de son choix d’angle qui relève de la liberté rédactionnelle du média. Le CSA qui avait reçu plusieurs plaintes dans ce dossier et sollicité l’avis du CDJ conformément aux dispositions du décret du 30 avril 2009 qui organise la complémentarité entre CSA et CDJ a été informé de la décision du CDJ.

La troisième plainte, non fondée (19-05 X c. L. B. / La Meuse Verviers),visait un article de La Meuse Verviers qui rendait compte d’une audience de tribunal dans un dossier de harcèlement. La plaignante déplorait principalement l’utilisation d’une photo d’elle et la divulgation de plusieurs éléments relatifs à sa vie privée, qui la rendaient reconnaissable. Dans son avis, le CDJ a estimé que les éléments de vie privée, livrés à la connaissance du public dans le cadre du débat judiciaire, apportaient un éclairage utile au sujet et que l’identification relevait de l’intérêt général dès lors que la plaignante était citée dans une procédure judiciaire, qu’elle y tenait un comportement hors normes, que les faits qu’elle reconnaissait et pour lesquels elle était poursuivie étaient sérieux au regard des souffrances endurées par les victimes.

Début mars, 50 plaintes étaient en traitement au Conseil de déontologie journalistique.

Note pour les rédactions :

Les avis complets sont accessibles sur le site du CDJ aux pages :

Avis 19-01

Avis 19-05

Avis 19-17

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